Le régime d’indemnisation du chômage des intermittents du spectacle
Je vais, sûrement, me faire des amis dans la profession… Tant pis, j’ai toujours pris le parti de dire ce que je pensais, mais, seulement après avoir fait le tour de mes convictions...
Rappel :
Ce régime, vieux de 1936 (je ne vais pas en faire l’historique que vous trouverez bien ailleurs), a été créé pour subvenir à la carence d’emploi des « artistes, techniciens et ouvriers » temporaires du monde du spectacle.
Créé, à la base, pour la production cinématographique, il se voulait mettre en équation le caractère discontinu de ces emplois (le temps d’un tournage) et le besoin de vivre de ces « intermittents ». Il faut dire que, à l’époque, ce type de production était assez prolifique et les périodes d’inemploi assez courtes.
Comme pour les autres travailleurs, du reste….
Plus tard, les autres professions artistiques du spectacle « vivant *» se sont adossées à ce régime, connaissant, également des périodes non productives.
Non productives ne voulait pas dire que nos « intermittents » n’étaient pas créatifs dans ces périodes, avant de pouvoir présenter leurs œuvres au public. Et cela aussi doit être rémunéré.
Aujourd’hui :
Ce régime, qui concerne près de 260.000 personnes (il ne faut pas oublier que ce sont, avant tout, des personnes) regroupe aussi bien les artistes, que les techniciens de plateau, de scène, de régie… et tous les ouvriers menuisiers, ébénistes, électriciens, artificiers,…
Vous n’imaginez peut-être pas ce qu’il faut de professions pour un simple gala, un film ou un disque : Décors, lumières, accessoires, son, figurants … et j’en oublie.
Il est largement déficitaire et tous les gouvernements aimeraient bien « simplifier » en ramenant ce régime spécifique sous la coupe du régime général. Les autres chômeurs sont-ils créatifs pendant leurs périodes d’inemploi ?
Il est vrai que ce régime est aussi, une boîte de Pandore…
Alors, pourquoi…?
De nos jours, on oublie toutes les « petites mains » du spectacle pour ne parler que des artistes, des « vedettes ». Ces « petites mains » ne sont pas créatrices mais indispensables, incontournables.
Du côté artistes – et je ne vais parler que de ce que je connais pour avoir exercé le métier moi-même – il y a artiste et artiste.
Il y a ceux qui ont du succès, et ceux qui galèrent… Et une troisième catégorie : ceux qui profitent du système.
1- Ceux qui ont du succès : ils n’utilisent que très peu le système des indemnisations chômage, et pour cause.. Ils n’ont que très peu de pauses, et quand ils en ont, ils n'ont pas besoin d'indemnités pour vivre;
2- Ceux qui galèrent : Ils ont quelque chose à proposer, sont souvent reconnus, mais n’arrivent pas à « percer » pour différentes raisons : Talent non-innovant, non « à la mode », désuets, pas « tendance » ; ceux qui sont trop nombreux pour les quelques contrats disponibles ; ceux qui « coûtent trop cher à mettre en œuvre » ; ceux qui ne sont pas « pistonnés » ; ceux qui débutent….
3- Et puis, il y a les profiteurs : Ceux qui apprennent, vite fait, deux ou trois pirouettes, tours ou chansons, qui vont se produire pour quelques euros et qui, ayant atteint le quota pour toucher le chômage, restent tranquillement chez eux en attendant la fin des droits pour ne refaire que la quantité minimale de contrats pour repartir à nouveau.
Ils sont légion.
Et j’en ai connu plus d’un… plus de cent… etc., etc.…
Ils n’ont aucun talent et personne ne vient les chercher. Ils n’arrivent à passer que parce qu’ils ne « sont pas chers »…
Cette troisième catégorie obère les comptes de l’assurance-spectacle car ce sont des parasites.
Ils font du tort à la profession en tirant les tarifs vers le bas, comme la qualité de leurs prestations. Ce sont eux qui donnent cette image déplorable de « fainéants » qui colle à la peau de nos amis talentueux.
Que faire :
D’abord faire savoir au « peuple » que les intermittents ne demandent qu’à travailler car il y a des métiers plus désagréables que de partager ses rêves, ses passions pour rendre le public heureux.
Et ils savent qu’ils ont cette mission dans leurs veines.
Ensuite, opérer une sélection naturelle des brebis galeuses en renforçant les contrôles dans les salles et en fixant des minimums syndicaux de cachets.
Ainsi, les « mauvais » qui demandent « pas cher » seront éliminés naturellement, un producteur ou un directeur de salle ne les emploiera pas « à ce prix » pour de la « m.. »…
Enfin, il ne faut pas bloquer la créativité. On oublie souvent, qu’il faut parfois, des heures et des jours de répétitions, des années d’entraînement, avant de faire sourire un enfant ou faire oublier les problèmes d’adultes.
Il n’y a pas que les minutes du numéro qui sont rémunérées, mais tout le travail et l’investissement en sueur, angoisse et en euros qui préparent ces minutes.
Quand vous savez combien d’années il faut à un jongleur pour réussir un numéro et qu’il se fait huer quand une balle lui échappe, vous comprenez que ce métier est ingrat et qu’il faut qu’il y croit pour continuer.
Alors, qu’il faille remettre de l’ordre dans cette gabegie, personne n’en doute.
Mais, le rêve est la sève d’une société qui s’aime.
Cela réduira le nombre des intermittents, mais, seuls les bons resteront et les galériens trouveront du travail.
Car le but des artistes est de travailler pour partager, pas d’être indemnisé. Alors, tout le monde est d’accord…
Sinon, Fauconmesplix…
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*: contrairement aux sculpteurs, peintres etc..qui sont statiques