Mon train à suspension magnétique
Un jour, mon père, qui travaillait en horlogerie, m'apporta, à la maison, une boîte contenant une centaine de petits aimants de différentes tailles.
Il y en avait en batonnets rectangulaires, en cylindres, en fer à cheval, en lame.....
"Amuse-toi avec ça, ça va t'occuper" me dit-il...
Alors, j'ai fait quelques "essais" et j'ai trouvé ce composant fabuleux..
Existe-t-il des aimants à autre chose? A cuivre? A pétrole? A poussière? A groseilles ?...
Tout d'abord, j'ai essayé de décoller les aimants collés par cette force invisible que je ne connaissais pas.
Puis, expérience n°2, voir où on pouvait les coller.. ou pas...
Enfin, expérience n°3, déplacer un objet en fer, sur la surface en bois de la table, en promenant l'aimant en dessous...
Puis, j'ai remarqué que, lorsqu'ils se collaient, c'était toujours dans le même sens, impossible de les faire coller autrement: ils se repoussaient pour pivoter et revenir dans le même sens...
Si on essayait quand-même, cela faisait un ressort quasiment incompressible et invisible: Une suspension...!
Alors, dans ma période "maquette carton et balsa", j'imaginais un petit chariot en carton se promenant sur un rail en forme de "T" uniquement suspendu par la force de mes aimants.
Il me fallu plusieurs essais ( FIG.2) pour me rendre compte que:
- le poids du chariot nécessitait plus d'aimants en sustentation qu'en guidage FIG.3
- il me fallait un nombre de d'aimants différent dans mon rail et dans mon chariot pour éviter l'effet "tôle ondulée" FIG. 4
Cette étape passée, j'agrandissais mon circuit, mais, ma chambre étant petite, il me faudrait penser aux courbes...
L'idée d'un chariot articulé s'imposa avec des courbes larges. FIG.5
Puis, penser aux aiguillages...
Puis, au moteur....
Au début, j'envisageais une hélice à l'arrière...
Une erreur de collage me fit comprendre que je pouvais me servir d'une partie des aimants de la "locomotive", pour utiliser la force magnétique comme moteur..... Marche avant, et marche arrière... Accélérer et ralentir... FIG.7
Et comme le système de l'hélice me posait problème pour la marche arrière, je conçus deux locos, aux "moteurs" synchronisés par une tige de fer, et évitais, ainsi, les demi-tours.
Et mon "train" jouissait d'un moteur sans carburant, "perpétuel"...
Sauf quand je devrais faire un arrêt en gare ou au terminus....!!!
Le freinage final serait, donc, mécanique, avec des patins serrant le rail central comme sur la roue de mon vélo.
Puis, me vint une autre préoccupation:
Pouvais-je laisser un ou plusieurs rails, dans la nature, perturber les instruments de navigations des avions, en créant des lignes magnétiques au sol?
Et si quelqu'un voulait traverser la voie avec son vélo, il restait collé et c'était l'accident au passage du prochain train?
Je demandais à mon père de me procurer des électro-aimants de son travail et remplaçais mes aimants.
Je m'apercevais très vite, qu'équiper le chariot ainsi, m'obligeais à pourvoir le mobile d'une source d'énergie.
Je réservais donc, mes électro-aimants pour le rail. FIG.6
Pour qu'ils ne consomment pas pour rien et éviter qu'il y ait un champs magnétique permanent, il suffisait de détecteurs noyés dans le rail à intervalle régulier pour mettre sous tension la section (+ une marge de sécurité) au fur et à mesure de la progression du train.
Une "zone rouge" sur le passage, le temps du passage, et le reste en "zone verte". FIG.8
Tout le reste est resté dans ma tête car j'en savais assez pour élaborer mon projet sans avoir besoin d'en faire une maquette.
En résumé:
- On pouvait concevoir un train suspendu par un champs magnétique et guidé par un rail.
- On pouvait utiliser une partie de la force magnétique pour mouvoir le train.
- On pouvait envisager courbes et aiguillages
- Un blindage interne protégerait les montres et autres instruments des passagers
- Le freinage d'urgence ou total devait être physique
- .. et il me fallait rajouter des roues encastrées sous la carlingue, pour que le chariot ne s'aplatisse pas sur son rail, avec frottements, échauffement et incendie, en cas de défaillance électrique sur la ligne.
Alors, ?
Ma mère a gentiment rangé ma chambre, j'ai tout mis dans des cartons, mon mouchoir par dessus, et... rien...
Jusqu'en 1979 où on parla d'un train de ce type en Allemagne... puis au Japon...
Je n'avais pas été le seul à connaître cette fascination...
Aujourd'hui, je n'ai rien conservé que la mémoire de toute cette recherche.
J'ai reconstitué tous les schémas.
Ça sert d'être hypermnésique..... j'avais 11 ans.
Fauconmesplix...
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