LES CLOWNS
I. ORIGINES :
Ceux que nous appelons « Les Clowns », de nos jours, nous arrivent de Grande-Bretagne et non pas, comme le veut la croyance populaire, d’Italie, de la « Comedia Del Arte ».
Cette dernière est plus apparentée à la Pantomime et révèles différents « caractères » repris dans la littérature française par La Bruyères, La Fontaine ou Molière, par exemple.
L’appellation de « Clown » est impropre à ce que nous imaginons :
Cette forme de divertissement est une satire de la société britannique du XIX° siècle et est apparue dès 1872 dans les bas quartiers Londoniens pour se moquer " gentiment " de la Royauté.
Il faut distinguer trois personnages principaux :
a. Le « Clown » (ou « clown blanc » par opposition au « Clown rouge ») :
Le mot « Clown » provient de la prononciation en cockney (argot londonien qui roule les « R ») du mot « Crown » : Il représente la « Couronne », c'est-à-dire le Roi, et à travers lui, toute la Monarchie :
Le « Crown » est l’autorité. Il est les institutions.
Il a le visage blanc des monarques perruqués qui étaient poudrés et avaient ce teint blafard et rigide des Gens Bien-nés ;
Sa blancheur rappelle, également, la candeur, la pureté, l’honnêteté … la fleur de Lys… couleur royale dans l’histoire (les monarques britanniques sont de souche française...)
Son chapeau est en pointe pour montrer sa domination (voir la toque des Chefs en cuisine, les haut-de forme, etc…..) ;
Son habit est immaculé et brodé de fils d’or, d’argent et parsemé de pierres précieuses lui donnant ses mille feux ;
Ses souliers sont noirs, pointus (symbole du châtiment) et brillants ;
Il parle avec Majesté et se doit d’être respecté….
Son sourcil droit (en général) est en accent circonflexe pour symboliser son caractère « sourcilleux » :
C’est lui, « LE » CLOWN .
b. L’Auguste (ou « Clown rouge ») :
Il est le Peuple.
Son prénom proviendrait d’un des plus célèbres bougres interprétant ce personnage à Londres.
Sa condition de travailleur éreinté l’entraine à rechercher l’amusement, la détente, le rire et, parfois, à arrondir ses maigres revenus ;
Il est pauvre et gouailleur et toujours prêt à jouer un tour ;
Il est vêtu de vêtements de récupération trop grands ou trop petits, rapiécés, troués car ses moyens ne lui permettent pas de porter des habits neufs.
Ses chaussures ne sont pas à sa taille et sont souvent éculées et décousues ;
Son chapeau, couronne du pauvre, est affaissé et difforme, mais il en conjure la misère d’une fleur ou d’une plume pour lui donner sa fierté ;
L’Auguste n’est pas mauvais (cela donnerait une mauvaise image du peuple), seulement plaisantin ;
Son langage est « basique » : il déforme les mots, comprend de travers, n’a pas d’instruction… ;
Il parle fort..
Son visage porte un gros nez rouge, trace du vin qu’il aime à partager dans les fêtes de ses temps libres ;
Ses yeux sont écarquillés pour lui donner un air d’émerveillement perpétuel, de même que sa bouche est largement dessinée d’un sourire jusqu’aux oreilles pour exprimer sa bonhommie permanente.
Note :
Les maquillages d’Auguste sont pléthore. Mais beaucoup ont oublié ses principes. Par exemple, la bouche est dessinée « à l’inverse » de ce qu’elle doit être.
Son maquillage part des commissures des lèvres pour descendre à la fossette du menton afin de lui conserver des expressions qui suivent les mouvements naturels du visage de l’acteur.
- La partie rouge est épaisse et remplace la lèvre inférieure. Elle descend jusqu’à la fossette inférieure ;
- La partie sous la (véritable) lèvre inférieure est blanche et couvre cette dernière. Pourquoi ? Cette partie blanche symbolise la dentition inférieure bordée de la lèvre inférieure qui descend jusqu’à la fossette du menton : L’Auguste a, ainsi, un LARGE sourire. Il rit de TOUTES SES DENTS.
Un maquillage inversé n’a plus de sens et donne à l’Auguste un visage parfois inquiétant parce qu'incompréhensible.
Il peut y avoir plusieurs Auguste :
Symbolisant le peuple, ils peuvent définir plusieurs métiers ou caractères pour se confronter à l’Autorité, le CLOWN.
Il est TOUJOURS l’ami du public de par ses origines populaires : C’est un des leurs.
c. Monsieur (ou Madame) LOYAL :
Il a été écrit que ce nom serait ici de celui d’un artiste très connu qui tenait ce rôle dans un cirque. La vérité serait plutôt que ce pseudonyme ait pu être choisi par rapport à son rôle sur la piste.
Le nom de Monsieur LOYAL vient, tout simplement, du fait qu’il représente LA LOI, les règles établies par THE CROWN et est chargé de les faire respecter.
Il est le législateur et la magistrature.
Ce rôle a souvent été dévolu au présentateur dont le rôle est, déjà, de faire respecter l’ordre dans le spectacle, sur la piste et les coulisses.
Ainsi, Monsieur LOYAL est en habits de Maître de cérémonie, élégant, on dirait aujourd’hui « Classe » ;
Il veille au bon déroulement des choses, recadre le ou les Auguste dans leurs élucubrations, il est l’allié du roi, de l’autorité, mais, issu de l’aristocratie populaire, il ne néglige pas de participer aux facéties des Auguste tant que la LOI n’est pas en cause.
Il s’allie au CLOWN pour que la LOI et la BIENSÉANCE soient respectées sans pour autant que le peuple ne soit injustement ou trop sévèrement sanctionné.
Le Rôle de LOYAL peut donc, être tenu par quiconque peut symboliser cette médiation respectant l’Autorité ou un élément essentiel faisant autorité dans un spectacle.
II. « LES CLOWNS » dans le spectacle :
a. Le CLOWN intervient pour poser ou vérifier des règles qu’il a imposées. Il confie à LOYAL la charge du maintien de l’Ordre.
b. L’Auguste est partout. Le peuple est nombreux, omniprésent. Il joue des tours à d’autres Auguste, au public, à LOYAL, mais pas au CLOWN.
Vis-à-vis de celui-ci, il se comportera plutôt comme voulant « contourner » les règles, mais ne s’attaquera jamais directement à la Couronne.
Il pourra rechercher la complicité d’autres Auguste, du public, de LOYAL, mais pas du Clown.
c. LOYAL, homme du peuple élevé au rang de dignitaire, mais investi d’une responsabilité régale, se comportera entre « la chèvre et le chou » pour que tout se termine bien.
III. Le Spectacle des « CLOWNS » :
a. Le personnage principal est donc, l’Auguste : Il peut être seul, à plusieurs. Avec un LOYAL… un CLOWN….. mais, il est toujours là.
b. L’Auguste intervient de deux manières :
i. En numéros, scénettes complètes ou entrecoupées
ii. « Entrées comiques », c'est-à-dire sous forme d’interventions « perturbatrices » ou comiques, à partir des coulisses, de la piste ou même du public.
c. A l’origine, il n’était pas présent dans les spectacles de cirque. Son intégration a été progressive, mais évidente : Son rôle était (et est toujours) de divertir le public ou de détourner son attention afin de permettre les démontages ou préparatifs entre les numéros.
Ce sont donc, les « Entrées comiques » qui ont été plébiscitées, les numéros complets ne venant que plus tard pour lui donner ses lettres de noblesse, l’élevant au rang d’artiste à part entière, l’intégrant dans le déroulement du spectacle.
d. Un bon Auguste n’est pas qu’un amuseur : il jongle, il joue de la « Zizique », fait des acrobaties. Il a dû acquérir ces compétences pour ne pas être considéré par les autres artistes du spectacle comme un sous-produit.
Il lui fallait une légitimité artistique pour être accepté par ses pairs.
C’est aussi la raison pour laquelle, sa règle ABSOLUE est de ne JAMAIS intervenir DANS le numéro d’un autre artiste (sauf s’il fait partie du numéro) mais TOUJOURS ENTRE.
IV. Aujourd’hui :
Les Clowns (bien que cette appellation soit globalement incorrecte) sont le symbole de tout le cirque.
On ne pourrait montrer qu’un Auguste et tout le monde verrait le cirque.
Demandez à un enfant que l’on emmène au cirque ce qu’il va voir : « Les clowns !!!»…
Ils accompagnent, ils illustrent, ils prolongent…..
Dire que tout cela est parti de moqueries d’ivrognes londoniens, au fond d’une gargote lugubre….
Mais, Vive le Cirque.. Vivent les clowns…